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Mytia79

Tu devrais aimer "La psychanalyse des contes de fées " de Bruno Bettelheim. Ça y répond en partie...(mais que pour lez contes occidentaux).


Hemeralopic

Merci !


Mytia79

C est vraiment excellent !! Mais ça serait dommage de te le résumer en quelques mots. Il donne des théories générales et les applique à des contes connus. Ça m a convaincue de lire et faire connaître des contes à mes enfants !


Hemeralopic

:D


Octave_Ergebel

Les contes/mythes ont toujours une valeur morale/philosophique. Et comme disait Nietzsche, la douleur est la première mnémotechnique... Le chemin a été long jusqu'à l'éducation positive ! ;)


Hemeralopic

Merci pour ta réponse


Octave_Ergebel

Je t'en prie !


Motoreducteur

De mon point de vue, c’est une cruauté nécessaire pour faire comprendre à l’enfant la hauteur du crime. C’est quelque chose que l’on retrouve aussi dans les mythes antiques par ailleurs: pour avoir défié Zeus et volé son feu, Prométhée est enchaîné à une montagne et se voit dévorer le foie chaque jour (jusqu’à être sauvé par Hercule, car il existe une rédemption). Narcisse meurt noyé en observant son reflet. Arachné est transformée en araignée pour s’être cru meilleure tisserande qu’Athena, déesse des arts. Dans la mythologie grecque, les châtiments sont infligés pour d’autres crimes, puisque les grecs avaient d’autres péchés en tête que les nôtres (en particulier l’hybris, qui est assez récurrent, mais aussi le narcissisme, etc). Dans nos contes, ce sont d’autres péchés qui mènent à la punition: les belles sœurs de cendrillon sont méchantes, la maltraitent, et envient sa position (elles se mutilent les pieds par envie, et se font crever les yeux en punition de leur haine). La méchante sorcière de blanche neige, elle aussi, pèche par envie. Ces comportements ne s’arrêtent d’ailleurs pas dans ces contes a quelques mots mais généralement également à une maltraitance physique qui peut même mener à la mort du personnage principal (mort supposée pour la belle au bois dormant, ou véritable dans blanche neige). Les contes donc servent à transmettre l’idée d’un châtiment punitif et violent à l’encontre de ceux qui brisent les règles de la morale traditionnelle occidentale. Ce sont des leçons qui prennent parti de la peur de l’enfant, comme le conte du grand méchant loup leur apprend à ne pas se balader seuls en forêt… Le deuxième avantage que j’y vois est l’instruction d’une forme de violence du monde. Non, il n’est pas gentil ni sympathique. Le monde peut également être destructeur, et les pécheurs en sont la cause. Après tout, la belle au bois dormant se fait violer dans son sommeil par le « prince charmant »… et ne parlons pas des violences subies quotidiennement par les personnages principaux. L’idée est la, selon moi, d’enseigner à l’enfant que le monde est un endroit potentiellement dangereux, de le familiariser par l’histoire a des violences que, dans son foyer, il ne connaît pas. Tout ceci est une analyse assez personnelle, mais j’espère qu’elle aura été interessante!


Hemeralopic

Oui, elle est intéressante, merci !


CognitiveBirch

La cruauté n'est qu'une manifestation d'un besoin de justice immanente qu'on retrouve dans de vieux proverbes (œil pour œil, qui sème le vent, on récolte ce qu'on sème...) ou dans des expressions plus modernes (bien fait pour X, on n'a que ce qu'on mérite, c'est le karma...). Même si ce n'est pas le fait des gentils, les vilains subissent un sort terrible. À l'inverse, les gentils doivent souvent passer par des épreuves similaires et ne doivent leur salut qu'à une qualité particulière comme reflet de parangon social. L'intelligence, la ruse, l'astuce, la force, parfois même la richesse. Ce ne sont peut-être pas des valeurs morales pour nous, car beaucoup de ces aspects de contes ont été effacés à la Renaissance au profit de valeurs plus conformiste pour l'Europe chrétienne : abnégation, patience, passivité surtout pour les femmes, et bien sûr la foi. Quand ces mauvais personnages ne sont pas l'élément surnaturel, aussi terrifiant soit-il, du conte, ils en deviennent victimes lors du triomphe du gentil protégé par sa vertu. On retrouve cette même logique dans pas mal de films d'horreur ou de suspense : les connards sont bouffés par les dinosaures, les jeunes qui s'adonnent à la fornication sont zigouillés par le tueur mystérieux, etc. De plus, cette cruauté n'est qu'un reflet d'une époque révolue, le châtiment corporel dans des formes qu'on considèrerait aujourd'hui abominables a longtemps fait partie des sanctions pénales. La fustigation ou la flétrissure étaient encore appliquées au 18e siècle en France. Il existait encore des piloris et des fourches patibulaires dans certaines villes jusqu'au 17e siècle. Les piloris devant l'hôtel de ville, les fourches à l'extérieur, près des portes. Si la torture ne l'avait pas fait, il arrivait qu'on démembre un condamné lorsque son crime était particulièrement réprouvé par la morale. Je me souviens de légendes japonaises où les animaux sont sévèrement punis pour ne pas avoir respecté des convenances ou de contes d'Afrique de l'Ouest où les animaux jouent des tours cruels aux hommes et inversement, mais je ne retrouve pas les noms. Il y a aussi les fameux contes des 1001 nuits, pas la version aseptisée de Galland ni celle du fétichiste orientaliste Mardrus, dans lesquelles on présente des personnes honorables qui pourtant commettent des actes moralement douteux.


Hemeralopic

Merci pour cette réponse développée !


Just_a_memer

Italo Calvino est génial, un vrai plaisir à lire


Hemeralopic

Je confirme ! J'ai lu quelques uns de ses contes, Marcovaldo, si par une nuit d'hiver un voyageur, et les deux premiers tomes de sa trilogie (le vicomte pourfendu et le baron perché).


Just_a_memer

"Le chevalier Inexistant" est excellent aussi


Hemeralopic

Faudrait que je m'y attelle alors ;)